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  • Photo du rédacteurMarianne Ducret

Le coaching, métier « bullshit » ?

C’est toujours un bonheur de participer à des soirées réseau et de me présenter : au moment où je prononce le mot « coach », il y a inévitablement des sourires, des échanges de regard, des yeux qui se haussent vers le ciel. Alors j’ai l’habitude : j’ai été consultante pendant 10 ans. Et puis dans les Ressources Humaines après ça. Bref, je suis experte en métiers qui « brassent du vent ».


Certes, il y a pléthore de coachs, et certains se forment en une semaine, et/ou s’engagent dans cette voie pour de mauvaises raisons. Tout n’est pas réuni pour garantir la crédibilité de la profession.


Ca pourrait devenir décourageant, s’il n’y avait pas les clients. Ceux qui ont testé, qui ont avancé, qui sont satisfaits et qui reviennent, ou envoient des amis. J’ai foi dans l’impact de mon travail. Mais il faut que ce soit bien fait. Et la différence entre un bon et un mauvais coach ? Je dirais sa posture. Ou plutôt la flexibilité qu’il démontre dans sa posture.


C’est selon moi l’expertise principale du coach : la posture qu’il choisit d’adopter pour servir au mieux l’intérêt de son client.

La posture du coach est (normalement) un choix stratégique conscient, qui représente beaucoup de travail, évidemment invisible pour le client. Et ça représente beaucoup de travail, qui est invisible pour le client. C’est comme le technicien qui vous demande 200€ juste pour avoir appuyé sur un bouton et qui vous dit « Les 200€, c’est pas pour appuyer sur le bouton, mais pour savoir sur quel bouton appuyer. » Il faut avoir fait beaucoup de développement personnel pour adopter la juste posture à l’instant t.


Et c’est quoi alors, la juste posture ? Cela dépend du besoin du client.


C’est parfois une posture haute, pour se positionner en expert compétent, en « sachant ». C’est une façon de dire au client « vous pouvez me faire confiance, je suis en mesure de vous aider ». C’est une posture qui vise à rassurer. Ou à confronter. Mais il ne faut pas en abuser, car l’objectif du coaching est de responsabiliser le client et le faire grandir, pas de l’infantiliser ou de le maintenir dans une relation de dépendance.


C’est donc aussi parfois une posture de parité, pour se positionner au même niveau que le client. Efficace par exemple pour partager une expérience vécue, qui montre au client qu’il n’est pas le seul à avoir vécu ce qu’il vit, pour rompre un sentiment d’isolement ou de honte. Ou d’une manière générale pour témoigner que nous sommes tout aussi imparfaits que lui.


Quoi, le coach est imparfait ? Comment peut-il accompagner les autres alors ?

Bah justement. En modélisant ses imperfections. Sous réserve qu’il ait prouvé par ailleurs sa compétence, évidemment. Cela autorise son client à être imparfait aussi, à être moins exigeant, à moins se juger sur tout. A se sentir relié au reste de l’humanité au lieu de vivre dans l’isolante quête de la perfection.


Et enfin, le coach doit savoir se mettre en position basse, et laisser le client le dominer. Pourquoi donc, grand Dieu ? Pour rappeler au client qu’il ne connaîtra jamais aussi bien ce qu’il vit que lui-même, et que seul le client est à même de trouver la « bonne solution » à son problème. C’est une façon de responsabiliser le client qui s’en remet trop à son coach, qui se dédouane de prendre les décisions.


Le « bon coach » doit savoir alterner entre ces différentes postures en fonction de la posture de son client. Et il y a là une double compétence :

  1. Identifier le besoin du client

  2. Adopter la posture adaptée. Autant dire que ça se travaille, c’est rarement intuitif.

Certes, un bon niveau d’empathie aidera le coach à identifier le besoin du client, mais si le client a besoin d’être challengé ou confronté, le coach devra mettre cette même empathie en veilleuse pour pouvoir adopter la bonne posture.

Dans le cas d’un coach qui a un grand besoin de reconnaissance, cela lui demandera un gros travail personnel d’abandonner la position haute pour l’intérêt de son client


Il y a donc en pré-requis à tout cela une vraie démarche de connaissance de soi :

  • Pour connaître ses points forts, ses points faibles, ses angles morts.

  • Pour éviter de projeter sa propre histoire sur le client, éviter de projeter ses propres solutions à son problème à lui, qui n’a rien à voir.

  • Et puis pour savoir quels sujets vont être plus difficiles à traiter pour nous, ou avec quel type de personnalité on va avoir du mal à travailler.

  • Pour surveiller son niveau d’énergie, son niveau émotionnel, savoir quand on ne se sent pas « apte » à accompagner, à être centré sur l’autre. Et donc savoir poser des limites. Savoir préserver son équilibre pour rester opérationnel.

C’est un énorme travail, avec une discipline rigoureuse, des compétences fondamentales pour bien exercer beaucoup de métiers de l’accompagnement, et très peu valorisées.


A ces pré-requis s’ajoute tout un ensemble de contenus théoriques, de spécialités, de techniques, des savoirs souvent plus visibles, qui sont parfois éblouissants d’éclairage et de pertinence, ou qui font parfois un peu « poudre aux yeux » et viennent alimenter les doutes sur l’efficacité du coaching.


Il n’en demeure pas moins que selon moi, la compétence clé du coach réside dans sa posture, et qu’il s’agit d’une réelle expertise, passionnante à façonner et inspirante dans l’impact qu’elle génère, non seulement dans une fonction de coach, mais aussi de parent au quotidien.

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